jeudi, mai 16, 2002

Ultimatum de Radio-Canada

Voici la première réaction, froide, clinique, de la direction de Radio-Canada.
Le dernier paragraphe est un ultimatum:

    MONTREAL, le 16 mai /CNW/ - Compte tenu du caractère exceptionnel de la situation qui prévaut suite à l'assemblée syndicale d'hier, Radio-Canada, malgré sa déception, maintient ses offres afin que ses employés puissent reconsidérer leur décision si tel est leur choix. Ces offres sont équitables et répondent adéquatement aux grands enjeux de cette négociation.
    Radio-Canada ne peut ajouter à son offre sans mettre en péril l'équité interne et la saine gestion des fonds publics.

    LES FAITS
    Dans le but de mettre fin à la confusion qui entoure certains faits relatés au cours des dernières heures, Radio-Canada tient à apporter des précisions sur trois éléments importants :

    Clause présidentielle
    La clause dite "présidentielle" avait fait l'objet mardi d'un engagement public écrit de la part de Mme Michèle Fortin, Vice-présidente principale, Télévision française et M. Sylvain Lafrance, Vice-président Radio française et Nouveaux médias : «Aucun employé ne perdra son emploi à Radio-Canada parcequ'il revient d'un congé de maladie». Radio-Canada a inscrit hier dans son offre cet engagement déjà rendu public. Il ne s'agit donc d'aucune façon du résultat d'une quelconque négociation qui aurait eu lieu hier comme d'aucuns l'ont affirmé. Nous n'avons pas non plus demandé au syndicat, par le truchement du médiateur, de recommander notre offre en échange d'une confirmation écrite d'une disposition qui avait déjà été donnée publiquement.

    Des négociations hier
    Contrairement à ce qui a été rapporté abondamment, il n'y a pas eu de négociation hier sur quel que sujet que ce soit. A l'occasion des quelques contacts téléphoniques avec le médiateur, Radio-Canada a clairement fait savoir que la négociation était terminée et que Radio-Canada n'avait aucunement l'intention d'ajouter quoi que ce soit à son offre.

    Protocole de retour au travail
    Radio-Canada n'a pas refusé de négocier le protocole de retour au travail. La Société a refusé de disposer de cette importante question au téléphone pendant que l'assemblée générale du syndicat se poursuivait. Voici les faits :

    - Radio-Canada a offert mardi au syndicat de négocier, dès ce jour, le protocole de retour au travail.
    - Le syndicat, par l'entremise du médiateur, a refusé cette offre et a fixé l'échéance à jeudi.
    - Malgré cela, une télécopie est parvenue à Radio-Canada mercredi après-midi, pendant la tenue de l'assemblée syndicale, pour discuter au téléphone cette pièce importante dans le règlement de tout conflit de travail.
    - C'est cela que Radio-Canada a refusé.

    Par une lettre transmise hier, avant le vote, à Ubald Bernard, porte-parole du comité de négociation, Radio-Canada a confirmé son intention de négocier le protocole de retour au travail, tel que convenu précédemment avec le syndicat, dès jeudi, 10 heures. Cette lettre est disponible sur le site : www.negociation-radiocanada.com.

    LA SUITE DES EVENEMENTS
    Radio-Canada est prête à négocier un protocole de retour au travail dès que son offre aura été acceptée par ses employés et le syndicat. Enfin, la Société rappelle que son offre finale sera valable jusqu'au vendredi, 24 mai prochain.
    Compte tenu de la situation exceptionnelle qui prévaut, Radio-Canada n'entend pas faire d'autres déclaration à ce sujet pour l'instant.

Météo incertaine

Jocelyne Blouin avec le chien de Claude-Sophie Hennekens, Micro, en des jours plus heureux


Voici un message bouleversant de la météorologue Jocelyne Blouin, envoyé ce matin en réaction à l'assemblée d'hier (la photo ci-haut date du 9 mai, avant, bien sûr, la déchirante assemblée).
Il reflète le désarroi total, sinon la détresse, dans lequel sont plongés un grand nombre de cadenassés et devant lequel la direction semble totalement insensible.

    From: Jocelyne Blouin
    Delivered-To: mailing list radio-canada@yahoogroups.com
    Date: Thu, 16 May 2002 10:06:09 -0400
    Subject: meteo

    Hier, je voulais voter pour les offres. Lorsque j'ai appris qu'à la météo je ne suis pas «permanetisable» parce que de toute façon Radio-Canada veut privatiser la météo, j'ai voté contre. Ce matin, je suis très malheureuse. J'ai une grande peine.
    En août, ça fera 24 ans que je travaille à Radio-Canada. Jusqu'à maintenant, j'y étais très heureuse. Mes patrons ont été très «corrects» avec moi. J'aime avoir des projets qui touchent les émissions auxquelles je travaille et ils m'ont toujours encouragée. Jusqu'à hier soir, je me sentais choyée à Radio-Canada.
    Maintenant, je me sens insignifiante. Je remets tout en question. Pourquoi aller travailler si c'est pour attendre le couperet? Comment peut-on vivre et trvailler avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. J'avais de l'ampathie pour les gens qui travaillent et risquent en tout temps de perdre leur emploi, maintenant je suis, moi aussi, ces gens. Mais comment pouvez-vous fonctionner comme ça? Je ne sais pas si j'y arriverai.... Je suis au bureau 40 hrs/sem à part le travail que je fais à la maison pour mes projets multiples liés à mon travail, mais ça allait: j'aime ce que je fais et j'étais heureuse. Je ne pourrais pas être aussi productive si je suis malheureuse et que j'ai peur tout le temps de perdre mon emploi.
    Je ne sais vraiment plus ce je ferai.
    Jocelyne Blouin

Amère assemblée

Récit partiel de l'assemblée générale extraordinaire du 15 mai, tenue au Centre des congrès de Laval, seul endroit pouvant accueillir 1000 personnes à 2 jours d'avis:

L'avenir aurait pu être à Laval
10h46
C'est dans cette municipalité que s'est joué le drame.


Intriguant sourire
12h09
Coup de théâtre numéro un: le comité de négos rafistolait encore les «offres finales» avec la Société au moment où l'assemblée devait débuter, à 11h. Vers midi, les membres du comité de négos sont arrivés. Leur chef, Ubald Bernard, affichait un intriguant sourire. Qu'il puisse sourire en dépit des pressions accablantes qu'il a sur les épaules est un tour de force. L'assemblée allait exprimer la reconnaissance qu'elle éprouvait pour l'ensemble du comité de négos en lui réservant une ovation debout quelques heures plus tard.


Yabadabadou
13h50
Malgré leur arrivée, nos négociateurs n'avaient pas fini d'être sollicités par la partie patronale et on les a attendu en faisant d'abord quelques jeux, comme Mario Masson et Bernard Derome faisant le salut fraternel de l'Ordre occulte des Bisons des Prairies (cf. Les Pierrafeu)


Carl Bernier, animateur à Saguenay
14h10
Puis, à l'instar de Carl Bernier, animateur à Saguenay, on a attendu...


L'assemblée a été torpillée
14h21
Et attendu...


Chantier de magasin Simons du Carrefour Laval
18h09
L'assemblée a pu débuter à 14h40. Deuxième coup de théâtre, le comité de négociation a recommandé l'acceptation des offres, en expliquant bien qu'il avait promis à ses vis-à-vis patronaux de faire cette recommandation en échange du maintien de la «clause Judith-Jasmin» dans la convention. Au lieu de se réjouir de ce gain apparent, l'assemblée a plutôt semblée révoltée par ce qui semblait une tentative par Radio-Canada de la manipuler. Et il est devenu évident que les négociations ne sont pas terminées. Elles sont comme ce chantier, voisin du Centre des congrès de Laval, où on reconnaît la forme d'un immeuble, mais un immeuble qui n'est pas encore prêt à accueillir les humains. Les négociations sont inachevées.


Paul Toutant achevant son intervention chaudement applaudie
18h45
Et juste avant l'intervention de Paul Toutant, la première de la période de débat, le comité de négos nous a appris que Radio-Canada ne voulait pas négocier de protocole de retour au travail (une formalité pourtant) si ses offres n'étaient pas acceptées. Paul Toutant a exprimé la colère de l'assemblée, qui l'a chaudement applaudie.


Marie-France Bazzo, animatrice d'Indicatif Présent, sous le regard de Dominique Poirier, Anne-Louise Depatie et Julie Vaillancourt
18h50
Plusieurs interventions m'ont touchées durant le débat, autant du côté des rejetants que des acceptants des offres. Marie-France Bazzo a exprimé le dépit de dizaines d'artisans de la télévision et de la radio générales qui, comme elle et son équipe, échappent à la permanence malgré la reconnaissance dont fait l'objet leurs émissions. Mais elle a surtout dit qu'elle rejettait les offres patronales parce qu'elles ouvraient la porte à une privatisation partielle de Radio-Canada et qu'il fallait faire un geste pour sauver cette institution malgré ses dirigeants.


Michel Gaudreau et Marc Laurendeau, en arrière-plan
19h12
Le moment le plus symbolique de la soirée est venu quand Michel Gaudreau, qui fait la revue de presse à l'émission du matin à la radio du Saguenay, a dit qu'il rejetait les offres malgré le fait qu'il soit permanentisé parce qu'elles oubliaient trop de ses collègues, dont Marc Laurendeau, qui fait le même métier que lui à Montréal. Mais, paradoxe, M. Laurendeau a dit vouloir accepter les offres, malgré le fait qu'il n'y gagne pas sa permanence.


Line Pagé, journaliste tv et membre du comité des femmes
19h18
Du côté du micro des «pour», Line Pagé a sans doute rallié nombre d'indécis en disant qu'elle ressentait une vive colère contre la direction de Radio-Canada, mais qu'il était temps d'amener sa colère avec elle à l'intérieur de la boîte, où elle serait désormais plus utile, plutôt que de la laisser sur le trottoir.


Dans l'isoloir
21h32
Après un débat houleux, ce fut enfin le vote. Jamais je ne me suis senti aussi isolé dans un isoloir...


L'annonce des résultats
22h32
Et exactement une heure plus tard, après deux recomptages, le résultat a été lu par Gilles Provost, président d'élection. Dire qu'il a jeté la consternation dans l'assemblée est un bien faible qualificatif.

mercredi, mai 15, 2002

La fracture du myocarde

Après recomptage:





Nombre de votesPourcentage
Pour les offres49949,4%
Contre les offres50249,7%
Bulletins rejetés*90,9%

*Officiellement, les bulletins rejetés sont exclus du calcul du pourcentage, mais je trouve que ça fausse les véritables proportions des suffrages exprimés.

Division? En surface seulement.
Tous ceux qui sont intervenus au micro durant l'assemble, que ce soit pour recommander le rejet des offres ou leur acceptation, ont exprimé leur colère à l'endroit de la direction de Radio-Canada avec la même indignation.
En cela, nous restons unis, je le pense sincèrement.

Que cette colère demeure créatrice et qu'elle continue de nous permettre d'extraire le meilleur en nous.

mardi, mai 14, 2002

Assez

Affiche

Feu rouge, angle St-Jacques et Girouard. Cette affiche pour le navet C'est assez! clame «Chacun a ses limites».
Une autre belle métaphore du conflit en cette veille d'assemblée générale.
Demain, à Laval, tout le monde va dire: «C'est assez!», mais pour des raisons différentes.

Les uns en ont assez de ces offres insuffisantes et croient qu'on peut aller chercher plus,
les autres en ont assez de ces interminables négos et ne croient pas qu'on puisse obtenir davantage.

Les uns en ont assez de l'attitude de la direction,
les autres en ont assez de ne plus faire leur métier.

Les uns en ont assez que des collègues soient négligés,
les autres en ont assez que leurs familles soient négligées.

Vox pop pré-AG

Météo exécrable et Canadien exécrable aussi n'ont pas fait l'objet d'une seule conversation, aujourd'hui, sur les piquets à Montréal. Les sujets du jour étaient les plus récentes offres finales-bâton de la direction et l'assemblée générale extraordinaire de demain, à Laval.

Les membres que je connais étaient partagés à peu près kif kif, la moitié se disant prête à rejeter les offres parce qu'elles ne sont qu'à demi-satisfaisantes, l'autre moitié étant prête à les accepter parce qu'elles sont satisfaisantes à demi (et que c'est mieux que rien). On nage toujours en plein délire Mini-Wheat.

Sur le trottoir et dans le local de lockout (plus sec et plus chaud) j'ai donc abordé des cadenassés m'étant inconnus pour leur demander leur réaction à eux.

Gaétan Cloutier

Première rencontre, porte Wolfe, avec Gaétan Cloutier, documentaliste travaillant à la bibliothèque. Il fait partie des 85 contractuels qui auraient été permanentisés en vertu des offres patronales déposées pré-conflit. Cela ne l'a pas empêché de voter contre ces offres il y a deux mois. Et, «à moins que l'exécutif du syndicat nous dise de voter pour parce qu'on ne peut pas aller chercher plus», il songe à rejeter la dernière version des offres. «Je trouve profondément regrettable, dit-il, que la partie patronale joue le secteur de l'information versus le reste.» Les offres de permanentiser 132 personnes ne touchent en effet que les employés du secteur de l'information et oublient ce qu'on appelle la télé et la radio «générales», des gens comme Marie-France Bazzo et son équipe, notamment, pour ne citer qu'eux puisqu'ils ont fait l'objet de portraits dans ce site.
«Je trouve ça inimaginable de laisser tomber autant de monde», dit-il, en ajoutant qu'il a été «écoeuré» de voir la direction déposer des offres alors que les négociations n'étaient même pas encore terminées.
Selon lui, les offres se méritent une note de 50% (100% correspondant aux demandes issues de la dernière assemblée générale)

Nicole Blais et Jacques Clermont


Deuxième rencontre au petit bonheur la chance, celle de l'annonceur radio Jacques Clermont et de la concepteure-rédacteure au service de l'autopub Nicole Blais. Leur opinion est, comme celle de Gaétan Cloutier, négative.
Nicole se dit outrée de l'attitude de la direction qui a déposé des offres en ignorant le comité de négos. Elle est par ailleurs «extrêmement désolée qu'il n'y ait rien dans les offres pour les gens de la radio générale, c'est méprisant pour les gens qui nous donnent ce beau contenu».
Jacques lui aussi constate que «le mandat culturel de la radio est complètement évacué, et c'est ce que je déplore. Dans l'autobus dans lequel on se trouve, c'est tout le showbusiness qui devrait maintenant se mobiliser». Selon lui, après avoir mené une bataille contre la précarité, «le véritable combat, c'est la redéfinition du mandat culturel de Radio-Canada et ça, ce n'est pas juste notre syndicat qui va devoir s'en occuper».
Il s'interroge cependant sur la stratégie à adopter pour mener cette nouvelle lutte: rejeter les offres et faire une grève pour amener le débat sur la place publique, ou accepter les offres et faire le débat à l'interne.
À son avis, les offres se méritent une note de 50%.
Pour Nicole Blais, la note monte à 60%, «mais pour l'attitude, je ne donnerais que 10%», ajoute-t-elle.


Laurent Lavigne


Au local de lockout, Marie Malchelosse et Laurent Lavigne m'ont remis mon dernier (dans le sens de plus récent) chèque de lockout. J'avais déjà rencontré Marie, mais Laurent, c'était une découverte.
Affectateur pour les nouvelles de la radio anglaise, lui aussi s'apprête à rejeter les offres même si, personnellement, il lui serait profitable de les accepter: «J'irais chercher la parité avec la Guilde [le syndicat qui regroupe les artisans de l'information travaillant pour Radio-Canada à l'extérieur du Québec et de l'Acadie], ce qui fait que mon salaire passerait de 55 000 à 63 000. Mais il y a trop d'autres personnes que ces offres laissent tomber, dit-il, tous ceux du service nordique, de Radio Canada International, de la radio et de la télé générale.»
Le lockout a suscité un fort sentiment de solidarité, dit-il, et il faut continuer à penser aux autres: «Ils nous divisent. C'est les grandes gueules de l'information contre tous les autres. Rendus où on est, il ne faut pas lâcher parce que tout sera à recommencer dans deux ou trois ans.»
Selon son évaluation, les offres se méritent une note de 40% à 50%.

Christian Pagé, avec la casquette, Linda Hermanovitch, avec le chandail multicolore, et Marie-Hélène Savard, à droite


Au milieu de la salle, une demi douzaine d'inconnus discutent. Je leur demande si les offres leur plaisent. Réprobation générale. Tout le monde hoche de la tête en écarquillant des yeux.
Marie-Hélène Savard, assistante à la réalisation au service des ventes, se demande «où est rendu notre 3,5% de rattrapage qui était promis avant le conflit, et il est rendu où notre 3000 dollars de prime à la coordination, parce qu'on en a tous fait, de l'assistance à la coordination.» Elle admet qu'il y a des gains intéressants qui font reculer la précarité. Mais elle est permanente et «demain, on va voter contre parce qu'on considère qu'on n'a rien gagné», dit-elle en désignant les autres membres du groupe, assistants à la réalisation eux aussi.
Pour Linda Hermanovitch, assistante à la coordination à l'émission Le Jour du Seigneur, ces gains se font au prix de dizaines de membres qui sont oubliés parce que, croit-elle, Radio-Canada sera partiellement privatisée pour ne conserver que l'information : «C'est pour ça que les postes permanents ne sont offerts qu'à l'information. Il n'y a rien pour la télé générale.»
Christian Pagé, assistant à la réalisation aux émissions spéciales de la première chaîne télé, se dit en outre choqué par l'attitude de la direction, malgré les gains: «Je me sens méprisé, dans la façon avec laquelle ces offres ont été présentées. En plus, avec ce qu'il y a dedans, ça aurait pu être présenté et réglé en une semaine. Mais là, après huit semaines de lockout, Radio-Canada vient d'économiser 10 millions de dollars sur notre dos.»
D'après lui, les offres se méritent une note de «pas plus que 40% ou 50%».
Linda Hermanovitch, elle, accorde une note de 50% et
Marie-Hélène Savard également note les offres à 50%, en-deça de la note de passage.


Mélanie Ricard, à gauche, et Cécile Leclerc, en pleine discussion animée


Devant le kiosque où Bertrand Hall vend ses CD du Blues du lockout, Cécile Leclerc et Mélanie Ricard, sous-titreures, discutent des offres. Temporaires toutes les deux, elles font partie des gagnantes. Mais il y a un malaise pour Mélanie: «Les dés étaient pipés d'avance. J'y gagne, pourtant, mais je suis absolument prête à poursuivre la solidarité pour les autres, ceux qui ne gagnent pas.»
«Ça nous contenterait, enchaîne Cécile, mais pour le groupe, je dis non. Je serais prête à rester encore dehors parce qu'il y a des gens qui se sont battus pour nous. Tant qu'à être restés dehors si longtemps, pourquoi ne pas aller en chercher plus!» Elle rappelle que les prestations de lockout devaient bientôt être majorées à 400$ par semaine (non-imposables), ce qui rendrait un long conflit beaucoup plus endurable pour les membres, rentable, même, pour certains.
C'est elle qui donne la plus haute note aux offres, 70%, en soulignant qu'elles sont «quand même bien».

Stéphane Boisjoly, au centre


Tout près, je remarque un grand type que je me souvenais avoir vu au moment où Ghislain Picard, vp de l'Assemblée des Premières nations, était venu faire un discours d'appui, il y a plus d'un mois.
Stéphane Boisjoly fait partie des oubliés des dernières offres. Annonceur-réalisateur au Service nordique (et délégué syndical), il a un filet d'amertume dans la voix: «Pour nous, c'est un gros zéro, surtout que déjà, en partant, on est payés 5000 dollars de moins par année que les autres. Alors mes collègues et moi, on a perdu tout espoir.»
Le Service nordique, à Montréal, c'est neuf (9) personnes qui diffusent en cri et dans les deux langues officielles sur le nord du territoire québécois. Stéphane se dit parfois Québécois d'origine abénakise, parfois «Indien avec beaucoup de sang français». C'est peut-être le plus déçu de son groupe: «Mes collègues cris n'y croient plus, rapporte-t-il. Il ne croient pas qu'il soit possible d'obtenir quoi que ce soit de plus. Il faut dire qu'ils sont habitués de se faire oublier des gouvernements.» Il est déçu de la direction, d'abord, «qui sont au courant de l'iniquité depuis des années, mais qui ne font rien», mais il en veut également au syndicat: «J'ai l'impression d'avoir été carrément abandonné par le comité de négos. Beaucoup de gens à qui je parle regrettent que le syndicat ne se soit pas plus "servi" de nous que ça», dit-il, pour souligner que la discrimination envers les Autochtones est politiquement «vendeur».
Il estime qu'il est temps que le «spotlight» de la solidarité se tourne vers ses collègues et lui: «Tant que des groupes seront traités inéquitablement, fait-il valoir, on n'aura pas vaincu l'iniquité.»
C'est lui qui donne aux offres la note la plus faible, 35%, en faisant remarquer que seulement cinq des 10 demandes syndicales ont pu être abordées en négo et que les deux tiers de ces cinq points, selon lui, sont des gains réels.





Voilà. Dix inconnus sélectionnés au hasard selon une méthode aux antipodes de la science. Dix rejets des offres, ou positions qui tendent au rejet. Il faut dire que ces témoignages ont été recueillis au local du lockout, où l'ambiance était un peu survoltée, au lendemain du blitz. Reste à voir si l'indignation ressentie mardi va encore s'exprimer en assemblée générale mercredi et, surtout, comment elle va s'exprimer dans l'isoloir...
La seule unanimité: tout le monde s'attend à un vote serré d'environ 50% ± 10% dans un sens ou dans l'autre.

La radio aussi, les beignes en moins

Dans la même veine que le document interne de la télé, la radio également prépare le retour. Voici un PLAN DE LA RADIO FRANÇAISE POUR LE RETOUR À LA PROGRAMMATION RÉGULIÈRE diffusé par courriel interne hier, le lundi 13 mai. On ne présume pas d'une date, on ne fait que se préparer advenant une acceptation des offres, en assemblée générale demain:

    - Dès minuit le jour du retour au travail, toutes les émissions de la Première Chaîne, de la Chaîne culturelle et des régions concernées (le matin et le retour à la maison) reviennent à l'antenne avec un contenu allégé pour graduellement (2 à 3 jours) atteindre leur vitesse de croisière une fois que les équipes auront complété les recherches nécessaires.
    - Pour les premières 24 heures, les bulletins de nouvelles garderont le format de la période de conflit (voir la liste d'Alain Saulnier) et les bulletins Infoculture et Infosciences ne seront pas diffusés. Nous reviendrons à l'horaire habituel des bulletins de nouvelles, d'Infoculture et d'Infosciences, le jour 2.
    - Toutes les équipes (animateurs, réalisateurs, recherchistes, adjoints à la production) devront donc être en place pour le retour à la programmation dès le premier jour.
    - Des rencontres sectorielles et individuelles seront appelées au besoin et en fonction de chacune des équipes.

Ce ne seront pas des muffins, mais des beignes

Document interne pour préparer notre retour harmonieux au travail

Une source m'a remis, aujourd'hui, une copie de ce document de travail préliminaire qui a servi au cours d'une réunion tenue le 7 mai (mardi dernier, première journée du blitz) pour préparer la réintégration harmonieuse des cadenassés. Ce document ne semble concerner que les employés de la télévision française. Et par ailleurs, il nous apprend que ce ne sont pas des muffins qui nous attendent, mais des beignets. Il faudra prévoir un point à l'assemblée générale pour choisir entre Dunkin et Tim.

Je ne sais pas si d'autres versions de ce document existent. Mais la copie que j'ai porte la mention «Version 3 mai 2002». Je n'ai pas de scanneur pour créer de version électronique de ce document de 28 pages. Et il serait fastidieux de photographier chaque page de ce document de type PowerPoint, d'autant plus que ça alourdirait ce site. Je vais donc les détailler page par page.

Page 2 (la page «1» étant la couverture ci-haut): Table des matières.
    1- Objectifs
    2- Détails des effectifs SCRC
    3- Échéancier
    4- Composition du comité
    5- Suggestion de plan d'action
    6- Rétroaction
    7- Implication du syndicat (suggestion à débattre) [en italique dans le document]
    8- Budget/Fonctionnement
    9- Conclusion


Page 3: 1- Objectifs

    - Après 50 jours de lockout, dans des conditions médiatiques difficiles, le retour possible [en italique dans le document] de nos employés SCRC ne sera pas facile.
    - Le réseau français a décidé de prendre des mesures exceptionnelles. Nous créons un comité spécial et multi-disciplinaire qui aura pour objectif de faire tout ce qui est possible pour que la réintégration du personnel se fasse dans le respect, la cordialité et la réconciliation.


Page 4... manquante

Page 5: 3- Échéancier

    - Le comité devra agir rapidement pour être prêt, et devra s'assurer que l'ensemble de notre effectif est impliqué par les mesures que l'on mettra en place pour faciliter leur retour.
    - Le travail se fera parallèlement au blitz de négos...
    - Première rencontre du comité pourrait avoir lieu 8 mai, avec un plan approuvé par les directeurs généraux
    - Le comité sera dissous aussitôt que la vp de la télé française jugera que son objectif a été atteint


Page 6: 4- Composition du comité

    - Information/RDI -> Richard Simoens/Marc Gilbert
    - TVG [télé générale] -> Patricia Leclerc/Céline Farley
    - Communication -> Marie Gendron
    - PTI [Production technique et ingénierie] -> Jean Carpentier/Michèle Hatto
    - Resources humaines -> June Hodgson
    - Nouveaux médias -> Christiane Asselin
    - Archives -> Christiane Taddeo
    - Tech de l'information -> Jean Croteau
    - Régions -> Daniel Hamel
    - Coordonnateur -> Guy Quirion
    - Présidente -> Michèle Fortin


Page 7: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP) [Soutien Opérationnel d'Urgence à la Production]

    A- Ce qu'il faut faire:
    - Valoriser, coordonner et soutenir les efforts des superviseurs de première ligne
    - Avoir des actions nombreuses, efficaces, visées et crédibles
    - Écouter les gens, être sensible à leurs préoccupations, faire de vrais efforts pour comprendre leur point de vue et leur problématique [NDLR: Oh oh... nous sommes atteints de «problématique». C'est grave.]


Page 8: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP) [NDLR: Aussi connu, en Corée du Nord, sous le nom de SOUP populaire]

    A- Ce qu'il faut faire: [suite]
    - S'assurer que les problèmes soient identifiés rapidement et que les vraies solutions soient implantées
    - Tourner la page
    - Penser à nos autres employés, pas seulement les SCRC
    - Mettre en place rapidement les engagements qu'on aura pris dans l'entente


Page 9: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    B- Ce qu'il faut éviter
    - Reprendre un rythme de production trop élevé, trop rapidement
    - Essayer de justifier ou d'expliquer le lockout [NDLR: parce qu'il est inexplicable? Je demande ça d'même...]
    - Chercher des coupables
    - Négliger nos autres employés (APS, STARF, SCFP, AR)


Page 10: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    B- Ce qu'il faut éviter [suite]
    - Appliquer des solutions superficielles
    - Retomber dans nos vieilles habitudes [NDLR: pourriez-vous élaborer, svp?]
    - En faire trop


Page 11: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase I : 8-13 mai
    - sessions de sensibilisation à l'accueil pour les cadres de premier niveau
    - s'associer des ressources externes spécialisées dans ce genre de mandat [NDLR: une rumeur veut que Kolossal ait déposé une soumission]
    - Raffiner le plan...
    - respecter échéanciers...


Page 12: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase I : 8-13 mai [suite]
    - informer l'ensemble des employés, créer un momentum
    - finaliser les grilles à court et moyen terme pour éliminer incertitude et angoisse
    - préparer les communiqués qui seront émis le 15 mai [NDLR: peu importe le résultat des négos...]


Page 13: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase I : 8-13 mai [suite]
    - travailler avec groupe de la radio et du réseau anglais
    - planifier l'organisation du travail poru le retour
    - Trouver une façon de remercier ceux qui nous ont aidés à maintenir le minimum de production interne
    - À compléter... [écrit tel quel dans le document]


Page 14: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase II: 14 mai (la veille du jour J)
    - Réactiver tous les comptes d'accès électronique, cartes, stationnements, cellulaires... [NDLR: testé à 22h30, mon cellulaire de fonction n'est toujours pas en fonction.]
    - mise en place d'un numéro de téléphone spécial (possiblement le 5580) [NDLR: testé à 22h35, quelqu'un répond que c'est le numéro du SOUP... mais le mystère persiste sur ce sigle.] où il sera garanti d'obtenir sur le champ (ou au maximum en 1 heure) [NDLR: ou argent remis?] toutes les réponses à nos questions spécifiques. (Copies des questoins réponses seraient aussi fournies au syndicat)...


Page 15: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase II: 14 mai (la veille du jour J) [suite]
    - à l'information: finaliser le plan de transition du CDI. S'assurer que tout soit en place et que les postes de travail soient organisés, propres et attrayants.
    - À la TVG: tous les dossiers de production en cours sont dans un logiciel que l'on appelle «assistant»...


Page 16: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase II: 14 mai (la veille du jour J) [suite]
    - En régions: coordonner les efforts et s'assurer que le style et la mentalité que l'on veut installer au réseau soient aussi implantés en régions. Ça prend des résultats, pas des excuses. [NDLR: ayoye!]
    - organiser un décompte à partir du moment où on est certains qu'il y aura retour au travail


Page 17: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase III: 15 mai 2002 (jour J)
    - Journée porte ouverte pour le stationnement. co-voiturage encouragé: emmenez un employés SCRC avec vous, ou prenez le transport en commun. Le stationnement sera ouvert à tous les employés SCRC.
    - Distribution de communiqués très spécifiques sur la logistique du retour...


Page 18: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase III: 15 mai 2002 (jour J)
    - Ajout de téléviseurs aux entrées Wolfe et Papineau pour qu'on sache et qu'on sente «On est en ondes» [en italique dans le document]
    - Ouverture de la caisse pop dès 8h le matin avec café et beignes. [NDLR: il y a eu débat sur la clause muffins et le clan beignes l'a emporté.]
    - Disparition de toutes traces de sécurité additionnelle
    - Identification des postes de travail SCRC avec lettre de bienvenue standard mais signée par le superviseur immédiat.


Page 19: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase III: 15 mai 2002 (jour J) [suite]
    - Paiement rapide des montants qui auront été négociés dans l'entente ainsi que de tout autre versement qui serait dû aux employés SCRC. Les ressources humaines devront donner priorité aux dossiers SCRC.
    - Priorité au support informatique aux SCRC. Les autres devront essayer de régler leur problèmes avant le 15 mai.


Page 20: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase III: 15 mai 2002 (jour J) [suite]
    - Disponibilité et présence accrue de tous ceux qui font de la formation pour tous ceux qui seraient rouillés...
    - Les premières journées ne seront pas des plus productives. Il faut reconnaître, accepter et encourager qu'il y ait des meetings de corridors. Il faut se réapprivoiser, réapprendre à travailler ensemble.


Page 21: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase IV: à partir du 16 mai 2002
    - Formation conjointe (par ress hum et syndicats) des cadrs de 1er niveau et des représentants syndicaux sur les nouvelles modalités de la convention collective
    - Présentation conjointe (cadre et syndicats) aux employés pour expliquer convention
    - Communication conjointe (conjugaison du Petit canard et d'Info-Négos) à tous les jours ou aux 2 jours sur les ajustements de la rentrée...


Page 22: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase IV: à partir du 16 mai 2002 [suite]
    - On ne paiera pas les congés annuels de l'année courante pcq nous pensons qu'ils en auront grandement besoin, mais on offrira à tous les employés qui ont des congés accumulés dans la «vieille banque» de leur payer en tout ou en partie. Même chose pour les remises de temps qui pourraient être encaissées.
    - On implique les autres syndicats à participer au processus: pour leur expérience, leurs idées, et les rassurer sur l'«équité» du processus.


Page 23: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase IV: à partir du 16 mai 2002 [suite]
    - On met en place rapidement toutes les mesures auxquelles on s'est engagé dans la convention et ds le protocole de retour au travail
    - Célébrer la première semaine du retour avec un menu spécial à la cafétéria, servi par des patrons. On encourage tous les employés à manger sur place plutôt que de retourner sur les étages pour favoriser les échanges. [NDLR: food fight! (scusez., il est tard et je suis un peu zombie)]


Page 24: 5- Suggestions de plan d'action (à coordonner avec le SOUP)

    Phase IV: à partir du 16 mai 2002 [suite]
    - Organisation pour tout le monde des Midis de la Maison [NDLR: On pourrait déjà imaginer des off-Midis] sur des sujets qui auraient pu leur échapper durant la grève [NDLR: c'est écrit «grève» dans le document...], exemple:
    ---> l'organisation du 50e anniversaire
    ---> le plan capital (studio 42, Ottawa, numérisation de la distribution)
    ---> le projet Vision
    ---> les objectifs de l'entreprise
    ---> etc.


Page 25: 6- Rétroaction

    - À tous les jours, avant 17h, les membres du comité enverront à Guy Quirion un bref rapport sur les événements de la journée
    - Un rapport consolidé sera distribué dans la soirée aux membres du comité, aux dg, à la vp
    - Tous les matins, 8h30, le comité aura une brève rencontre pour discuter des événements de la veille et du plan de la journée


Page 26: 7- Implication du syndicat (à valider par les directeurs généraux) [toute en italique dans le document]

    - Nous suggérons d'offrir au syndicat de participer à toutes les étapes de préparation et d'implantation de ce plan
    - Un travail conjoint exigera une grande transparence, mais ce serait aussi un symbole de véritable partenariat. De plus, les efforts conjoints des 2 parties seraient sans doute beaucoup plus efficaces qu'une approche divisée
    - Ce travail conjoint commencerait dès le 8 ou le 10 mai 2002


Page 27: 8- Budget/Fonctionnement

    - Un centre de coûts a été créé pour accumuler les dépenses qui seront générées par le comité
    - Le numéro est M200095-00010
    - Guy Quirion aura la délégation de signature
    - Un rapport sera fourni régulièrement sur les coûts engagés par le comité [NDLR: Bon sang qu'il serait pertinent que Radio-Canada soit soumise à la Loi d'accès à l'information!]


Page 28: 9- Conclusion

    - Ce comité sera sans doute passablement exigeant pour ses membres, mais il devra avoir une durée de vie utile extrêmement courte
    - C'est un comité de transition qui se veut catalyseur et rassembleur, mais la responsabilité véritable de la gestion repose dans chacun des secteurs et dans chacune des régions
    - Le travail de ce comité pourra servir de référence ou de soutien au comité Portelance mis en place suite au sondage auprès des employés et dont les effets devraient être plus durables


J'aurai ce document à l'assemblée générale lavalloise pour ceux qui voudraient vérifier le contenu publié ci-haut.

Écrit dans le ciel

Les moustiques sont sortis

À Montréal, cet avion et ce message survolaient la tour hier, lundi, jour global et final du blitz de négos.
La photo a été transmise par Alain Labelle et elle a été prise par Marc-André Beaudin, photographe pour News-Press, un journal de Fort Myers (FL) appartenant à la chaîne Gannett.
Cet «espace publicitaire» fort sympathique a été loué par les autres syndicats de la boîte, le STARF (techniciens), l'Association des réalisateurs et le SCFP (employés de bureau). On me dit également que l'APS (Asso des professionnels et superviseurs qui regroupe certains cadres) a contribué, mais ce n'est pas confirmé.

Écho XXVII

À 9h55 ce matin, Radio-Canada émettait ce court communiqué interne, qui ne reprend qu'un seul des points abordés à la dernière journée de négos, soit le salarial:

    OFFRE GLOBALE ET FINALE

    Radio-Canada a déposé hier un projet d'entente complet sur l'ensemble de la convention collective dans le but de dénouer l'impasse dans les négociations. Des discussions se sont tenues en soirée sur certains éléments de ce projet.
    Au terme de ces discussions, tard dans la nuit, et dans le but de dénouer une nouvelle impasse, Radio-Canada a accepté de le bonifier, notamment au chapitre salarial, en majorant son offre de 1 %. Ce qui porte à plus de 10 % l'offre monétaire aux membres du SCRC. Cette offre se répartit comme suit :

    · 1 % pour l'harmonisation avec la convention de la CBC et les monographies d'emploi;
    · 3 % au 1er juin 2002;
    · 1,5 % au 1er janvier 2003;
    · 2,5 % au 1er juin 2003;
    · un montant forfaitaire de 1 000 $ à la signature.

    Il s'agit maintenant d'une offre globale et finale.


Le communiqué du syndicat, émis plus tôt dans la nuit, trace un portrait plus complet du différend patronal-syndical.

Écho des négos XXVI - Pas d'entente au terme du blitz

Vers 2h15 cette nuit, le marathon de négociation entre le syndicat des communications de Radio-Canada et la Société s'est conclu sur un échec. Malgré cette prolongation de quelques heures (l'heure butoir initiale était minuit), les deux parties ne sont pas parvenues à s'entendre sur un texte commun.

Autel improvisé dans le local syndical

Dans son local de négos, le comité syndical avait confectionné cet autel tout en symboles. Le cadran rose, non-fonctionnel, était normalement arrêté à minuit moins cinq. Ce soir, cependant, il avait été placé à 1h pour symboliser la nouvelle heure butoir, puis à 1h30 quand les parties se sont entendues sur une extension d'une demi-heure. Les fleurs représentent le bouquet de revendications du SCRC. Les citrons et le presse-citron... eh bien c'est un symbole qui parle de lui-même.

Dernière copie des offres patronales

Les dernières, ultimes, «post-pénultièmes» offres patronales, les voici. Elles sont contenues dans ce projet de convention déposé, selon ce qui est griffonné et surligné en jaune dans le coin supérieur droit, à 16h22 cet après-midi (13 mai). Ce projet porte le nom de code «PP89», ce qui signifie qu'il s'agit de la 89e version proposée par la partie patronale.
Après avoir reçu ces offres, les négociateurs syndicaux ont rédigé une contre-proposition présentée à la partie patronale à 1h15 du matin. Cette contre-proposition portait le numéro de code «PS40» (40e version proposée par la partie syndicale), ce qui veut dire que dans ce long match de tennis qu'ont été les négos, match entamé bien avant le lockout faut-il le rappeler, il y a eu pas moins de 129 échanges de texte.

Jean Grenier, de la CSN, parlementant avec le médiateur Jacques Lessard


Les négociateurs patronaux ont pris 45 minutes pour évaluer la réaction syndicale à leurs offres ultimes présentées en après-midi. Vers 2h du matin, Huguette Wiseman, première directrice des Ressources humaines, a quitté le Complexe Guy-Favreau. Cinq minutes plus tard, le médiateur fédéral Jacques Lessard a convoqué les parties. Radio-Canada rejettait la dernière version proposée par le syndicat. Et c'est vers 2h15 que les premiers membres de l'équipe de négociation patronale ont quitté les lieux à leur tour, avec leurs immenses malettes à roulettes. Le chef de l'équipe, Jacques Auger, était du nombre, mais n'a pas permis que sa photo soit prise.

Le local patronal évacué vers 2h30

À 2h30, la salle de négos patronale était vide. Le médiateur Jacques Lessard semblait dépité de cet échec. Quand je lui ai demandé de comparer cette session de négos à d'autres qu'il a vécues, il a commencé à répondre: «C'est difficile à dire, chaque cas est différent», pour enchaîner: «Ah, j'suis pas sûr que j'ai le goût, là»...
Dans la salle de l'équipe syndicale, les membres du comité de négos, accompagnés de plusieurs conseillers de la CSN, de même que par le président du syndicat, Michel Couturier, rangeaient leurs papiers, la mine déconfite.
Ubald Bernard, vice-président du SCRC et responsable du comité de négo, a dit qu'il n'y avait toujours pas d'entente sur la clause présidentielle, ainsi que sur le salarial (je n'ai pas les détails), ce qui signifie qu'une entente globale n'était pas possible. Mais au terme de ce blitz, il a pesté contre l'attitude irrévérencieuse de ses vis-à-vis patronaux: «On sent qu'ils nous disent: "Vous avez là plus que ce que vous méritez!" Jacques Auger, ce n'est pas tout à fait Monsieur Élégance.» Boguslaw Podorski renchérit: «Il y a chez eux un manque de respect élémentaire». Cette attitude serait un facteur dans l'échec de cette nuit.
Le dépôt d'une «proposition complète de règlement» dans l'après-midi est un exemple de cette attitude qualifiée de «coup fourré» par Ubald Bernard.
Les négociateurs syndicaux n'ont cependant pas voulu dire s'ils allaient recommander l'acceptation ou le rejet des dernières offres patronales à leurs membres. Ils se donnent la journée de mardi pour en discuter. On sait par ailleurs qu'un conseil syndical doit avoir lieu mardi à midi pour débattre des offres et de la recommandation qui sera faite aux membres. Tout peut encore arriver, car malgré l'échec de cette nuit, plusieurs membres présents voyaient du bon dans les offres: «Il y a des gains importants», soulignait Michel Sénécal, coresponsable du comité de mobilisation du syndicat, en parlant des ententes sur les temporaires et sur la permanentisation des contractuels. «C'est tout ça qu'il faut balancer avec le reste», concluait le président Michel Couturier qui, lui aussi, ne semblait pas voir tout en noir et black.

Les fleurs de l'autel après le rejet de la proposition syndicale par les négociateurs patronaux


Pour le moment, le blitz est terminé. Les fleurs, qui auraient pu être données en présent aux négociateurs patronaux, se sont retrouvées ailleurs.
On saura demain ce que le syndicat recommandera officiellement aux membres. Avec la démission de Daniel Raunet et selon les premiers commentaires des lockoutés sur les offres, l'assemblée générale des membres du syndicat, prévue pour le mercredi 15 mai à 11h au Sheraton Laval, promet d'être rock'n'roll.

lundi, mai 13, 2002

Double écho des négos, édition 52

Conservateur plus progressiste

Au dernier jour du sprint de négos, pendant que la direction dépose des offres «post-pénultièmes», les commandos n'ont pas cessé d'être très actifs.
À Montréal, quelques super mamies ont réussi à empêcher un tournage extérieur des Super Mamies. À Québec, nos collègues sont aller chercher les signatures du metteur en scène Robert Lepage, du ministre québécois de l'Éducation Sylvain Simard et de son attachée de presse, France Amyot... la soeur du directeur de l'information à Québec, Guy Amyot! Et pan dans la solidarité familiale.
Et en Estrie, le subcomandante Roger Laroche a encore frappé. Voici la photo et le texte qu'il vient d'envoyer:

Commando estrien en compagnie d'André Bachand
De g à dr : Roger Laroche, Hélène Deslauriers, Pierre Tousignant, André Bachand, Janvier Cliche et Ronald Lavallée
photo ©2002 Roger Laroche


    Grosse semaine pour les " Gaulois " estriens. Première de 3 rencontres auprès de 3 députés fédéraux. Le député conservateur d’Arthabaska, André Bachand a reçu la visite cet après midi à son bureau de Victoriaville de 4 cadenassés accompagnés du président de la CSN-Estrie, Janvier Cliche.
    M. Bachand a admis que le conflit à Radio Canada avait fait l’objet de discussions au caucus conservateur mais qu’aucune position officielle n’avait encore été adoptée par le parti. Il s’est engagé, peu importe l’issue immédiat du blitz de négociations, à ce que son chef Joe Clark et le député de Fundy–Royal dans les Maritimes, John Heron, se joignent à lui dans une déclaration publique d’ici la prochaine semaine. L’appui portera non seulement sur le conflit mais surtout sur l’importance pour un Radio-Canada en meilleure santé sur le plan du financement et des relations de travail plus harmonieuses.
    Reconnaissant que ses commettants s’étaient peu manifestés à son bureau quant à l’absence du service public auquel ils ont droit, M. Bachand a tout de même salué la «propreté» du conflit du coté syndical et le haut niveau de débat amené sur la place publique par les lockoutés.: «On a découvert que Radio Canada n’avait pas patte blanche à bien des égards», a-t-il dit en substance.
    D’ici la fin de la semaine, les cadenassés sherbrookois rencontreront les députés fédéraux de Mégantic et de Brome-Missisquoi.

Contenu de la conférence de presse téléphonique de cet après-midi

Notes rapides extraites de la conférence de presse téléphonique.
SL = Sylvain Lafrance, vp de la radio française
MF = Michèle Fortin, vp de la télé française

Les deux vp ont commencé par une déclaration.

SL: Les négos n'ont pas permis jusqu'à maintenant d'en arriver à un règlement. Mais la direction peut néanmoins «tracer le pourtour» d'un règlement acceptable pour les deux parties. Elle dépose donc des offres qui sont enrichies, par rapport à ce qui avait été présenté avant le lockout, sur les points fondamentaux du conflit: la précarité, la permanence, et le salarial. Si cette offre est acceptée, jamais dans l'histoire de RC il n'y aura eu un aussi grand pourcentage d'employés permanents. On demande maintenant au syndicat de profiter du temps qu'il reste à la négo [NDLR: moins de huit heures] pour la parfaire. L'objectif du 15 mai reste atteignable. En soirée, des employés pourraient être de retour au travail si l'offre était rapidement acceptée.

MF: Parmi les postes perm offerts, il y en aura 25 en régions. Nous offrons accès à tous les contracuels qui le désirent accès à fond de pension. On s'est engagés sur l'équité homme-femme. Les temporaires, entente lundi dernier. Il y a harmonisation des grilles avec la Guilde de médias (qui représente les artisans de l'info hors-Québec/Acadie). A aussi parlé d'offres salariales : représente 8% sur les 12 premier mois et un montant forfaitaire de 1000$ pour compenser pour la première année.

Puis, il y a eu une période de questions:

1. Paul Cauchon, Le Devoir
Q1.1: Qu'en est-il du salarial après les 12 prochains mois?
MF: Pas très clair comme réponse...
Q1.2: Votre offre représente quoi sur plan financier?
MF: Plus de 9 millions $ pour télé et radio
Q1.3 : S'agit-il d'une offre finale et globale?
SL: Il y a encore un espace de discussion parce que le blitz n'est pas terminé. On peut poursuivre jusqu'à 1h AM.
Q1.4: Qu'est-ce qui vous laisse croire que cette offre sera jugée acceptable par les syndiqués?
SL: Sur les temporaires, on a une entente. Sur la permanentisation des contractuels, on est très près. On se base sur les discussions des derniers jours et on offre ce qui semble être un terrain de compromis pour les 2 parties.
MF ajoute: On n'a pas fait de sondage.

2. Patrick Lagacé, Journal de Montréal
Q2.1: C'est quoi les clauses normatives qui achoppent?
SL: La «clause présidentielle». C'est un peu complexe... Il y avait d'autres questions plus techniques. Tout ça forme l'ensemble du normatif.
Q2.2: Le dépôt d'une offre maintenant ressemble à coupe de force, non? [NDLR: voilà une question avec des dents! Yes!]
SL: Pas du tout. C'est une occasion de faire le point sur l'état des négos et c'est basé sur ce qu'on perçoit à la table. C'est une main tendue vers le syndicat : voici ce que serait une entente acceptable.
MF ajoute quelque chose d'incompréhensible.
Q2.3: C'est quoi la clause présidentielle?
MF: (Explications) Tous nos autres syndicats ont accepté ça. En passant, il n'y a aucune personne dans le syndicat SJRC (sic) qui serait touché par le retrait de cette clause.

3. Brian Haley (ortho correcte?), Canadian Press
Q3.1: It has been 8 weeks, have you received a lot of viewer complaints? What kind of urgency is there to get this over with?
[pas pu entendre début de la réponse, discussion avec ma conjointe]
MF: One thing we learned: if we thought we weren't appreciated, well, we can't think that anymore.
Q3.2: What is the number of complaints you received? And will there be a long term price to pay?
SL: There's a price, yes. But our radio is so distinctive people will come back. As for numbers, I can't say. The long term damage is hard to evaluate now.
Q3.3: A producer has roughed up membres at the Palais de justice...
SL: It's one case, we hope it's isolated. No further comment on that.
MF: For a conflict so public compared to others, this was a very civilised and pacific conflict.

4. Madeleine Blanchard, L'Acadie nouvelle
Q4.1: Combien de poste permanents sont créés à Moncton?
SL: Je ne sais pas si je l'ai sous les yeux... (on entend des bruissements de feuilles à l'arrière, il fouille) Il y en a comme dans les autres régions... Mais je n'ai pas le nombre exact.

5. Louise Leduc, La Presse
Q5.1: Le protocole de retour au travail... ce sera compliqué?
SL: Non, ca va pouvoir se négocier dans un délai raisonnable, comme n'importe quel autre protocole de retour au travail.
Q5.2: Si l'offre est présentée en assemblée générale et qu'elle est rejetée, pouvez vous lever le lockout? [NDLR: Question capitale! En d'autres mots: tenez-vous vos employés en otage?]
SL: Pour que conflit se termine, faut qu'il y ait une entente entre les parties, il faut qu'il y ait un vote.
MF: Ce serait difficile, si le syndicat rejette offre, de les réintégrer sans avoir rien d'autre à envisager dans l'avenir. [NDLR: Simplement de travailler. Puis-je vous dire que ça représente un sacré bel avenir, ça!]
Q5.3: Si jamais les offres sont rejetées, allez vous retourner à la table?
MF: On ne sait pas. Il y aura cependant une réunion de stratégie au plus haut niveau.

6. Paul Cauchon, Le Devoir (à nouveau)
Q6.1: Je poursuis sur le thème abordé par ma collègue: que ferez-vous si le syndicat a besoin de plus de temps? Parce qu'il faut dire que vous arrivez à dernière minute avec cette offre.
SL: On verra la réaction syndicale... On va voir avant de réagir.
Q6.2: Pourquoi cette offre n'a-t-elle pas été présentée il y a 2 jours?
SL: Parce qu'on n'avait pas de portrait global avant aujourd'hui.
MF: Ces offres, sur la permanentisation des contratuels entre autres, sont basées sur les discussions du weekend.
[je manque un autre bout: mon fils vient me parler]
MF : On n'est pas dogmatiques, mais on est pressés de rentrer en ondes. Le minuit de ce soir, c'est pas le minuit de Cendrillon, mais on n'est pas la Belle au bois dormant non plus.

7. Ioanna Roumeliotis (ortho correcte?), CBC
Q7.1: What happens if there's no agreement?
SL: We'll see. We really think it's possible to find a settlement around this offer. Both sides have negociated in good faith, that's why we are reasonably optimistic.
Q7.2: And if it doesn't work out? Will you go on another blitz?
SL: We'll see...

17h30: Fin de la cdp.

La précarité n'a pas d'âge

Mario Masson
En relisant ce site, on a peut-être l'impression que l'équation «jeunesse=précarité» est toujours vraie.
Et pourtant, la précarité n'a pas d'âge. Parlez-en à Mario Masson, journaliste à l'émission Découverte. À 50 ans bien comptés, Mario a passé les 21 dernières années de sa carrière dans la précarité comme contractuel, dont 12 à la célèbre émission de vulgarisation scientifique de la télé.
Au début, la permanence n'avait aucune importance pour lui. Pendant la grève des journalistes de 1979-80, «j'ai été obligé de défoncer des lignes de piquetage parce que j'appartenais à une autre unité», se souvient-il. Il était à l'époque recherchiste pour l'émission La vie quotidienne. «Je viens de mouvances de gauche et pour moi, ils étaient tous gras dur à Radio-Canada», dit-il pour montrer le peu d'importance qu'il accordait à la permanence.
«Mais après ça, poursuit-il, je me suis rendu compte que c'est grâce à eux si je pouvais faire mon métier de façon plus "pure".» Cette pureté a un prix, cependant, admet-il. «Dix pourcent du monde restent assis sur la convention. Mais si, par ailleurs, 90% des gens font leur travail sans s'écraser, c'est un gain énorme.» La permanence, dit-il, donne une «indépendance de tête» essentielle au métier d'informer: «Elle donne surtout la chance à ceux qui le font bien de le faire encore mieux.»
Pourtant, son statut de contractuel ne l'a jamais empêché de tenir tête à ses patrons. L'équipe de l'émission Découverte, composée essentiellement de contractuels, est l'une des plus soudées à la télévision, raconte-t-il: «Quand un contractuel s'est fait menacer de ne pas avoir son contrat renouvelé, il a reçu une lettre signée par TOUS les membres de l'équipe.» Grâce au front commun, le contractuel en question a vu son contrat renouvelé. Mais malgré cet exemple, souligne-t-il, «quand tu es contractuel, tu y penses à deux fois avant de lever le ton, même à Découverte

Mais il y a plus. Mario aimerait peut-être faire autre chose au sein de Radio-Canada. Sauf que son contrat l'«attache» à l'émission pour laquelle il a été engagé. «J'aimerais ça faire du documentaire, dit-il. J'irais à Zone libre», dit-il. Mais il devrait prendre le risque d'être «attaché» à une émission moins «coulée dans le béton» que Découverte. «Avec la permanence, dit-il, mon lien d'emploi est avec Radio-Canada et non avec l'émission. Je pourrais ainsi prendre plus de risques, sans peur de perdre mon emploi. Si je pouvais faire ça, tout le monde serait gagnant, me semble.»



Anne Panasuk
Anne Panasuk en sait quelque chose. Journaliste primée, à 46 ans elle n'a «que» 10 années d'ancienneté reconnues, bien qu'elle soit entrée à Radio-Canada en 1982. «Pourquoi ne reconnaît-on pas notre expérience quand on passe aux affaires publiques», se demande-t-elle. Après six ans à Enjeux, elle travaille a Zone libre depuis le début: «Comme j'ai trois ans à cette émission, ils sont obligés de me garder là, explique-t-elle. Sauf que si Zone libre disparaît, je suis dans le pétrin.»
Radio-Canada prétend que la précarité ne touche que des émissions qui se font sur le court terme, des projets, déplore Anne Panasuk. Et pourtant, de nombreuses émissions phare de l'information à Radio-Canada, autant à la télé qu'à la radio, sont presque toutes faites avec des contractuels dont plusieurs sont à contrat depuis plus d'une décennie. Si ces émissions sont abolies, leurs artisans le seront également. C'est ce qui s'appelle jeter le bébé avec l'eau du bain.
«On est jetables», constate Anne Panasuk. Et cette vie d'humain loué, de meuble, engendre un stress supplémentaire, dit-elle, un stress inutile dans un métier déjà suffisamment stressant, sans compter qu'il limite inconsciemment les choix de vie: «C'est probablement l'une des raisons qui ont fait que je n'ai eu qu'un seul enfant», souligne-t-elle.


Mario Masson et sa conjointe Jane Lewis

Mario Masson aussi s'en rend compte: «Même si, au départ, il faut être extrêmement mobile pour faire ce métier-là, la précarité, ça te limite psychologiquement. Est-ce que j'aurais eu un enfant avant l'âge de 45 ans si j'avais été permanent? Peut-être que oui. Peut-être que non. Je n'en sais rien.»
Il y a une phrase qu'on entend souvent sur les piquets, le plus souvent par des contractuels dans la trentaine qui se moquent de la permanence: «Moi, ça fait 10 ans que je suis à contrat et je n'ai jamais manqué de job!» Quand on est jeune, la vie de contractuel représente en effet une certaine liberté et Mario Masson en convient. Sauf que la jeunesse n'est pas éternelle: «Quand t'es contractuel à 50 ans, tu t'en vas où?»

Yannick Villedieu
C'est une question intéressante à poser à Yannick Villedieu, animateur des Années lumière à la radio. À 55 ans, le concept de «Liberté-55» ne lui a jamais paru aussi factice, car lui aussi est contractuel depuis des années. Quand on lui demande pourquoi il tient à la permanence, il répond: «Pour le fonds de pension».
Les régimes enregistrés d'épargne-retraite (RÉER) sont là, pourtant, pour permettre aux travailleurs n'ayant pas accès à un fonds de pension d'engranger une certaine somme en prévision de leurs vieux jours. Sauf que lorsque vous parlez RÉER avec un banquier ou que vous faites des simulations sur ordinateur, pour établir un montant de cotisation, on vous demande souvent jusqu'à quand votre RÉER devra être garni, souligne Yannick Villedieu: «Autrement dit, on te demande quand tu comptes mourir», déplore-t-il.
Avec un régime collectif, ce dilemme morbide ne se pose pas. Le tout est actuarisé de telle façon que le décès (malheureux) des plus jeunes retraités permet aux plus vieux de vivre une retraite sans soucis.
Mario, Anne et Yannick pourraient cyniquement s'en moquer, du conflit actuel. Le recul de la précarité (si recul véritable il y a) profitera surtout à leurs collègues plus jeunes. Ils ont cependant été actifs tout au long du lockout pour ces jeunes, justement.
Mais aussi pour autre chose, souligne Mario Masson: «Durant ce conflit, on a échappé à la logique primaire du conflit de travail pour aller vers le conflit de société», dit-il. En d'autres mots, il n'a pas fait le trottoir pendant deux mois uniquement pour faire reculer la précarité à Radio-Canada: «J'ai rencontré plein de monde qui ont le goût de participer à quelque chose après le lockout, à une réflexion pour redéfinir Radio-Canada.» Une réflexion à laquelle jeunes et vieux devront participer.
Mario Masson parle d'un nouveau «Refus global». Un texte ancien, sans doute, mais dans lequel même les jeunes radio-canadiens trouveront de quoi appliquer à l'actuel conflit et à ce qui devra nécessairement suivre:

    «Hier, nous étions seuls et indécis. Aujourd'hui un groupe existe aux ramifications profondes et courageuses [...]. Un magnifique devoir nous incombe aussi : conserver le précieux trésor qui nous échoit. Lui aussi est dans la lignée de l'histoire.»

Crunch time

Radio-Can annonce que des offres «finales et globales» seront déposées tout à l'heure au syndicat (à 15h) pour discussion à la table de négos. Extrait de l'un des 2 communiqués diffusés en rafale par RC en fin d'avant-midi: «Radio-Canada offre au SCRC l'ajout de 152 postes permanents, soit l'accès à la permanence pour 132 contractuels et l'ajout de 20 postes permanents au Centre de l'information, pour lesquels les contractuels et les temporaires, membres du SCRC, pourront poser leur candidature.»

Écho des négos #24 - La version de RC

À 7h55, par courriel interne, la direction de Radio-Canada a fait parvenir un mémo où elle donne sa version des négociations du weekend.
Tout d'abord, elle parle d'un accès à la permanence pour 132 contractuels, et non 122 comme le laissait entendre un courriel de Michel Hamelin qu'une source non-patronale nous avait transmis vendredi. On ne sait pas exactement qui serait touché, mais selon la direction, le syndicat a accepté de ne pas inclure les animateurs et recherchistes à la radio générale en échange de l'inclusion des commentateurs-interviewers et interviewers de la radio régionale.
Toujours selon la directrice des Ressources humaines, Huguette Wiseman, qui signe le communiqué, le syndicat était d'accord avec cet arrangement sur la permanentisation de 132 contractuels à 22h samedi, mais aurait refusé de l'entériner tant que RC ne retire pas la demande d'abolir la clause «Judith-Jasmin», ce que la direction appelle «sa seule et unique demande». Radio-Canada a répondu qu'elle souhaitait aborder dès le lendemain, dimanche, la négociation du salarial «que la réponse du syndicat soit positive ou négative» au sujet des contractuels.
Dimanche, les négos ont plutôt porté sur cette impasse. Radio-Canada offrait trois avenues:
1) Confirmer l'entente des contractuels. Le syndicat a rétorqué que pour cela, il fallait avoir l'assurance que la clause «Judith-Jasmin» demeure dans la convention collective
2) Conclure le normatif avec le maintien de notre seule demande patronale. Ici encore, le syndicat a répondu que la clause «Judith-Jasmin» doit demeurer dans la convention collective.
3) Mettre de côté le normatif pour amorcer la négociation sur les clauses monétaires. Le SCRC a répondu que pour cela, il fallait conclure les clauses normatives encore en suspens.

Bref, jusqu'à 18h30, dimanche, c'était l'impasse. «Nous avons indiqué au syndicat que nous souhaitions toujours amorcer les discussions sur le monétaire dès lundi matin», précise le mémo patronal, en rappelant que le blitz s'achève à minuit et que «la Société espère toujours en arriver à une entente négociée d'ici la fin du blitz», sans préciser si des offres «post-pénultièmes» (tous les synonymes de «finales» ayant été employés, il faut en inventer de nouveaux) seront déposées.

Le Mur du silence

Antique récepteur Telefunken

Cet appareil a fait partie du Le Mur du silence, oeuvre éphémère installée avant-hier, le samedi 11 mai, place Gérald-Godin, devant la station de métro Mont-Royal. C'est un événement que vous pouvez voir en photos. La sculpture, faite de dizaine de vieux téléviseurs et récepteurs radio, est une conception des artistes Gilbert Boyer et Gil Bissonnet. L'événement a été jumelé à une opération de signature de pétitions qui a permis de recueillir 2000 signatures réclamant la fin du lockout.

dimanche, mai 12, 2002

Encore des appuis de la société civile

Envoyée aux quotidiens le 3 mai dernier, cette lettre ouverte n'a pas encore été publiée par aucun quotidien montréalais ou québécois (vieille capitale), malgré le fait qu'elle soit signée par une impressionnante brochette d'intellos. Dix jours plus tard, et à la fin d'un blitz de négociation éprouvant, il convient de la diffuer un peu plus.
Michel Lacombe se demandait où elle était, la société civile. En v'la une bonne gang:


    CONFLIT à RADIO-CANADA

    La Société Radio-Canada joue un rôle essentiel dans la vie politique, sociale, économique et culturelle du pays. Ses émissions de radio et de télévision, tout en offrant un service public complet et varié à ses auditoires, établissent simultanément une norme de qualité et de référence sans pareille. Nous, contribuables, en sommes d'ailleurs les principaux bailleurs de fonds.

    La Société Radio-Canada a opté de surseoir à sa mission première au Québec et au Nouveau-Brunswick en laissant perdurer un conflit collectif de travail auprès de 1,400 de ses employés, tenus en lock-out depuis maintenant plus d'un mois. Bien que nous ne souhaitons pas porter de jugement sur les tenants et aboutissants de ce conflit, nous en vivons quotidiennement les conséquences et nous en faisons les frais.

    Cette situation est inquiétante car elle pèse de plus en plus lourd sur la vitalité de nos institutions et nous prive à titre de citoyens d’une source d’information essentielle. Pour ces raisons, nous, soussigné(e)s, exhortons les deux parties à régler de toute urgence ce conflit et à rétablir notre service public de radiotélédiffusion, avec la qualité, la rigueur et l'originalité qui justifient sa réputation et sa crédibilité.


    Signataires:

    Bernard Arcand, anthropologue, Université Laval

    Pascal Assathiany, Éditions Boréal et président de l’Association des Éditeurs du Québec

    Dr. Christiane Ayotte, directrice du laboratoire de contrôle du dopage à l'INRS-InstitutArmand-Frappier (Pointe-Claire);

    Frédéric Back, cinéaste

    Louis Balthazar, professeur émérite à l'Université Laval

    Claude Béland, ex-président du Mouvement Desjardins

    Michel Belzil, président de la Fédération des municipalités du Québec

    Lise Bissonnette, présidente-directrice générale de la Grande Bibliothèque nationale du Québec

    Camil Bouchard, professeur-chercheur au département de psychologie de l'UQUAM

    Gérard Bouchard, historien

    Pierre Boucher, président de la Commission de la capitale nationale (Québec)

    Louis Caron, écrivain

    Gretta Chambers, journaliste

    Jacqueline Cool-Collette, Ordre du Canada 2001

    Claude Corbo, politologue

    Auréa Cormier, membre de l'Ordre du Canada

    Andrée Corriveau, pdg du Centre financier international de Montréal

    Raymond Côté, président de Sports-Québec

    Mgr. Maurice Couture, S.V., archevêque de Québec, Prélat du Canada

    Pauline Couture, consultante en communications.

    Pierre Curzi, président de l'Union des Artistes

    Fernand Daoust, syndicaliste

    Charles-Philippe David, titulaire de la chaire Raoul-Dandurand à l'UQAM

    Antoine Del Busso, Directeur général, Fides

    François Demers, politologue et doyen, faculté des arts, Université Laval

    Henri Dorion, géographe

    Daniel Drache, économiste politique

    Denise Filiatrault, comédienne et metteure en scène

    Gilbert Finn, ancien recteur de l'Université de Moncton et ancien lieutenant gouverneur du Nouveau-Brunswick

    Guy Fournier, auteur et producteur

    Alain-G. Gagnon, politologue

    Jean-Claude Germain, écrivain et homme de théâtre

    Corinne Gallant, membre de l'Ordre du Canada

    Charles Gervais, président de l'Association des juristes d'expression française du Nouveau-Brunswick

    Germain Godbout, Directeur général, Acfas

    Jacques Godbout, écrivain

    Fernand Harvey, titulaire de la chaire Fernand-Dumont à l'INRS-Urbanisation, Culture et Société (Québec)

    Renée Hudon, présidente du Salon international du livre de Québec

    Institut canadien de recherche sur le développement régional :

    Maurice Beaudin, directeur-adjoint

    Pierre-Marcel Desjardins, chercheur associé et professeur d'économie

    Samuel LeBlanc, chercheur

    Marc L. Johnson, chercheur principal

    Donald J. Savoie, directeur-général

    Claude Jasmin, écrivain

    Jacques Lacoursière, historien

    Donat Lacroix, poète-interprète

    Guy Laforest, philosophe politique

    Marie Laberge, auteur et dramaturge

    Bernard Lamarre, Président du Conseil, Musée des beaux-arts de Montréal

    Phyllis Lambert, architecte

    Pierre Lambert, consultant en communications

    Yvan Lamonde, historien

    Louis Landreville, avocat

    Hélène Laperrière, Groupe Culture et Ville

    Sylvain Laroche, président du P'tit Bonheur (Estrie)

    Gérald Larose, professeur à l'École de travail social de l'UQAM et président de la CSN 1983-1999

    Daniel Latouche, politologue

    Jacques Lévesque, politologue

    Marcel Masse, ancien ministre des Communications

    Rosella Melanson, Directrice générale, Conseil consultatif sur la condition de la femme au Nouveau-Brunswick

    Pierre Nadeau, journaliste

    Nancy Neamtan, Chantier de l’économie sociale

    Alain Noël, économiste politique

    Paul Ohl, écrivain

    Antoine Panet-Raymond, HEC

    Charles Parent, vice-président Financière Banque Nationale

    Lise Payette, auteure

    Ghislain Picard, APNGL/AFNGL

    Louise Portal, comédienne

    Jacques Proulx, président de Solidarité Rurale du Québec

    Philip Resnick, philosophe politique

    François Rocher, économiste politique

    Guy Rocher, sociologue

    Michel Samson, consultant en gestion et producteur

    Danièle Sauvageau, entraîneure de l'équipe féminine de hockey du Canada

    Hugh Segal, Président de l'Institut de recherche en politiques publiques

    A. Brian Tanguay, politologue

    François Tavenas, recteur de l'Université Laval

    Marie-Jo Thério, compositeur-interprète

    Marc Thibault, président du Conseil de Presse du Québec

    Serge Patrice Thibodeau, écrivain

    Mgr. Jean-Claude Turcotte, archevêque de Montréal

    Daniel Turp, juriste

    Patrick Watson, journaliste, producteur et ancien président du Conseil d’administration de CBC/Radio-Canada

Échos des négos XXIII

Après une journée de négos infructueuse, jour de la Fête des mères, le SCRC a émis un communiqué dans lequel il demande plus d'ouverture de la part de Radio-Canada. Voici le communiqué, auquel la partie patronale n'a pas encore réagi:

    Blitz de négociation à Radio-Canada, jour 6 - Le SCRC attend plus d'ouverture de Radio-Canada
    MONTREAL, le 12 mai /CNW/ - Les négociations à Radio-Canada stagnent depuis ce matin. Le Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC) estime qu'il sera impossible de conclure une entente d'ici demain minuit si la société d'Etat n'accepte pas d'abord de disposer des questions normatives encore sur la table.
    L'une d'entre elles consiste en la demande de Radio-Canada d'abolir la clause dite Judith Jasmin [NDLR: ce qu'on a également appelé la «clause présidentielle»]. Cette clause oblige la société d'Etat à relocaliser un employé affecté par des limitations fonctionnelles à la suite d'un accident ou d'une maladie.
    «Nous sommes prêts à faire les concessions nécessaires pour obtenir une entente qui sera satisfaisante pour les deux parties. Les négociateurs de Radio-Canada le savent très bien. Nous ne pouvons pas aller plus loin. Radio-Canada devrait savoir que nos membres tiennent à cette clause humanitaire. Si elle veut vraiment parvenir à une entente négociée d'ici demain minuit, elle
    devra absolument revoir sa position... pourquoi attendre ?», demande le vice-président du SCRC, responsable de la négociation, Ubald Bernard.
    Les négociations reprendront demain matin dès 9 heures 30. Le syndicat souhaite régler toutes les questions périphériques avant de s'attaquer aux salaires et à un protocole de retour au travail rappelant que les avancées qui ont été faites jusqu'à maintenant par le syndicat ne tiennent que dans la mesure où les parties s'entendent sur l'ensemble des clauses normatives.
    «Un bon règlement, pour nous, doit tenir compte du fait que Radio-Canada a décrété un lock-out qui dure depuis deux mois, ce qui a coûté environ 10 millions de dollars à nos membres», souligne Ubald Bernard.


Pas un mot sur les contractuels? «Il n'y a toujours pas d'entente sur les contractuels», complète Ubald Bernard, joint au téléphone vers 22h. «Ce n'est pas réglé parce qu'ils ont mis une condition avec un "élastique". Ils font comme avant. Ils retirent leurs propositions s'il n'y a pas de réponse favorable avant telle heure.»
Il précise que le syndicat n'a pas refusé l'offre de permanentiser 122 contractuels, mais ce sont les conditions assorties à cette offre que le syndicat refuse, conditions qu'Ubald Bernard n'a pas voulu préciser: «Ça prendrait relativement peu de choses pour que ça débloque», dit-il seulement.
En outre, selon le chef négociateur du SCRC, Radio-Canada voudrait immédiatement aborder les clauses salariales et placer sur «le rond arrière» les trois points normatifs abordés pour l'instant, mais inachevés; à savoir la permanentisation des contractuels, la «passerelle» qui permettrait à des permanents travaillant dans des unités plus «fragiles» de se relocaliser au sein de RC advenant l'abolition de leur unité, et la clause Judith-Jasmin. Le syndicat tient à parachever ces clauses avant de traiter du salarial.
Pourquoi? La partie patronale a-t-elle menacé de déposer des «offres finales» au terme du sprint de négos? «Ils ne nous ont pas encore dit ça, indique Ubald Bernard, mais ça sent ça, et ce, depuis le début.»

Par ailleurs, une tuile s'est abattue sur le comité de négociation syndical aujourd'hui, dimanche. Daniel Raunet, co-responsable du comité de mobilisation, a démissionné de ce poste non-élu. Sa lettre de démission est dure à l'endroit de l'équipe dirigée par Ubald Bernard: «Le comité de négociation vient en effet d'abandonner une revendication centrale de notre mouvement, l'accès à la permanence pour tous les employés à long terme, pour se rallier à la vision patronale des choses: seule l'information est permanente à Radio-Canada. Si elle était entérinée par les membres du syndicat, cette capitulation serait extrêmement lourde de conséquences, car elle ouvrirait la porte à une gestion généralisée du personnel par projet, la programmation ne se résumant qu'à une juxtaposition d'émissions jetables peuplées d'employés jetables.»
Plus loin il ajoute, avec une pointe d'ironie: «37 permanences [122 offertes maintenant, par rapport aux 85 offertes avant le conflit], voilà le grand succès de deux mois de lock-out. Youppie !»
Daniel Raunet, qui jouait un rôle de conseiller auprès du comité de négos syndical, estime également que le comité de négos a reculé, notamment, sur la question de l'équité homme-femme avec «l'acceptation d'un texte qui ne comporte aucune obligation sérieuse de résultats». Rappelons que c'est Daniel qui a réalisé l'enquête sur les disparités homme-femme dans les salaires, une question qui a mobilisé plusieurs personnes et qui s'est traduite par de nombreux appuis publics pour le syndicat dans l'actuel confilt.
«C'est pas aussi fort que ce qu'on voulait, mais c'est le résultat de négociations», répond Ubald Bernard. Quand on lui demande de donner une note sur 100 à l'ensemble de ce que le SCRC a obtenu pour le moment, il répond: «Dans ce que nous avons accepté pour l'instant, on obtient plus que la note de passage.» Mais il ajoute que les négos ne sont pas terminées et que «si on n'arrive pas à progresser dans ce qui reste, on n'aura pas la note de passage et on dira que cet exercice [le blitz] n'aura pas été concluant».

Ce rift survient au moment où les négociateurs patronaux et syndicaux entament leur dernière journée de blitz, lundi, dès 9h30.